Quand la peur me parle, que me dit-elle vraiment ?

 « J’ai peur. » C’est ce que me dit souvent une voix quand je commence à hésiter. Et c’est ce qui est arrivé il n’y a pas si longtemps que ça.

Cette fois-là, ça concernait mon avenir professionnel. Je suis à la croisée des chemins. Derrière moi, j’ai déjà un beau parcours, pas linéaire certes, et surtout fait de changements, de réponses à certaines remises en question sur mon parcours professionnel. Là, c’est différent des changements que j’ai eus jusque-là. Car, celui-là, je l’ai décidé, mais… maintenant, je doute.

« Oui, mais et si tu n’y arrivais pas ? ». Effectivement, et si je n’y arrivais pas ? Le chemin que je prends, celui qui m’est propre. Mais… Est-ce que je suis légitime ? Légitime de prendre ma place et d’aller vers ce vers quoi je veux aller ? Dis-moi, Peur, qu’essayes-tu de me dire ? Je ne comprends pas ton langage, tout ce que je ressens, c’est… Un nœud dans le ventre, une gorge nouée, une panique qui m’envahit, et la respiration qui commence à s’emballer. Et ça fait mal, tout en moi me dit de fuir, ou même de rebrousser chemin, ou de prendre un chemin « classique » et plus sécurisant. Mais si je le fais, je sais que je pourrais le regretter tôt ou tard, et que si je n’essaye pas d’aller là-bas, même en me battant, je me contenterais de ce que j’ai maintenant et… je sais que ce n’est pas nourrissant.

C’est tellement facile de faire ce que nous murmure la Peur, ça ne nous demande pas tant d’efforts que ça, que de rester dans notre confort. En revanche, voir que ma vision du monde ne serait plus compatible avec ce confort… C’est comme continuer à mettre un vêtement que nous portions adolescent et se dire 6 ans plus tard : c’est un beau vêtement, j’étais confortable dedans, je n’ai pas envie que ça change, mais mon corps change, je ne peux plus rentrer dedans, il faut que j’en change et que je prenne un nouveau vêtement. Mais là, la Peur refuse : « Et si ce nouveau vêtement ne t’allait pas ? Si c’était trop cher ? Si c’était de mauvaise qualité ? ».

On me dira : « Mais… Ce n’est qu’un vêtement, tu ne devrais pas t’en faire pour autant. »

Oui, ce n’est qu’un vêtement. Cependant, cette situation nous arrive bien plus souvent que nous le pensons et dans des domaines plus divers qu’un simple tissu : travail, amour, famille, santé… Et ce changement de vêtement, à l’heure actuelle, je le transpose sur le domaine professionnel. J’ai porté plusieurs tenues : celle de celle qui travaillait en bar et où je devenais invisible mais toujours en mouvement. Il y avait l’uniforme administratif, trop rigide pour ma voix intérieure. Celui de la restauration, où il y avait l’odeur des autres, mais pas la mienne…

Mais la seule tenue que je regardais de loin et qui me faisait envie, je craignais de l’enfiler. Parce que je n’étais pas sûre que ça m’irait, que j’avais les compétences pour… Même si je devais entrer dans le magasin, contrairement aux magasins de vêtements, là, il y a Peur, la vendeuse de vêtements professionnels. Je suis tentée de l’essayer, mais là elle m’arrête : « Hum ? Tu es sûre de toi ? Ce modèle-là, il faut avoir l’aura nécessaire pour le porter. Ça demande de l’assurance, et une sécurité financière. Je ne suis pas certaine que tu puisses rentrer dedans. »

Ce magasin de vêtements-là, ce n’est pas du prêt-à-porter où la vendeuse serait heureuse de faire gonfler son chiffre d’affaires. Et où si tout le monde se ressemble, ce n’est pas grave du moment que le chiffre est fait. Non, ce magasin-là, c’est plus prestigieux, unique.

Et cette situation, c’en est une parmi d’autres ; Peur peut prendre le visage d’une conseillère matrimoniale, de votre frère ou sœur, de vos parents. Mais pourquoi ? Parce que Peur, elle veut vous sauvegarder, et tant pis si c’est pour qu’on stagne. Qu’on fasse du surplace. Et si on ne l’écoute pas, elle tapera du pied jusqu’à ce que nous soyons tétanisés et trouvera toutes les excuses du monde pour que tu restes avec elle. Les doutes seront là pour brouiller les pistes entre prudence et paralysie.

Et c’est justement là… qu’il faudra trouver le courage nécessaire de ne pas écouter cette voix, ou plutôt de la reconnaître, de l’accepter, mais aussi de la laisser aller.

Paulo Coelho disait : « La peur n’est pas un signe de lâcheté. C’est elle qui nous permet d’agir avec bravoure et dignité dans certaines circonstances. Celui qui éprouve la peur et va cependant de l’avant sans se laisser intimider fait preuve de courage. »

Il est donc tout naturel d’avoir peur, mais si, en avançant avec conviction vers un objectif, un changement qui ne peut que nous faire du bien… Finalement, on ne peut que tout gagner. Peur s’estompera, on la verra ailleurs, mais l’espace que nous prendrons s’agrandira en conséquence et nous pourrons ainsi profiter de notre confort et savourer notre victoire sur cette peur qui aura voulu nous auto-saboter.

Je m’adresserai à Peur, la vendeuse dans ce magasin de vêtements : « Même si, selon toi, ça ne pourrait pas m’aller, j’ai le droit de l’essayer. Je le prends avec moi et je l’adapterai à ma façon. »

On a le droit d’avoir peur, de douter et d’hésiter. Mais c’est à nous que revient la décision d’oser, d’essayer.

 

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